Transformation

Tu es loin, je ne te vois même pas.
Je vois seulement tes mains, je vois seulement s’agiter tes doigts… Ils sont si petits autour des miens, si fragiles, et j’ai peur de les lâcher. Pas de les briser, car tu respires la force de ceux qui ont tout à construire.
Non.
Juste de les lâcher.
Tu es loin, je ne te vois pas, mais je vois ces souvenirs qui se plient dans ma tête comme le font tes phalanges. Et j’imagine (car c’est tout ce qu’il me reste, j’imagine) ces phalanges qui s’étirent, et de ce simple mouvement je crois savoir que ce sont tes doigts qui s’étirent.
Et ta main,
Et ton bras,
Et ça semble se propager partout dans ton corps. Je n’arrive plus à tout suivre tellement tout s’allonge d’un seul mouvement. Alors je regarde tes yeux, comme un repère, mais eux aussi changent. Comme si j’avais loupé un battement de paupières. Ils s’affinent, au fil de tes cils qui s’étirent, comme les feux qui clignotent dans la rue face à moi.
Tu claques des dents, parce que tu en as maintenant, tellement tu as froid. Tes vêtements ne te couvrent plus. Il t’en faut de nouveaux, déjà.
J’imagine tout ça, pour me préparer à te revoir, parce qu’à quelques milliers de kilomètres de moi, tu changes,
Tu
Grandis.

Dis ?

Dis... On ira voir la mer ? 
Ouais, pas celle des films qui font pleurer 
Celle des films qui font rire 
Ou qui rendent 
Mélancoliques. 

Dis, on ira voir les mouettes 
Pour qu'elles nous donnent envie 
De voler 
Et qu'on garde un peu de rêves
Entre nos doigts. 

Dis, on regardera nos pieds 
Qui courront entre les dunes couvertes
D'algues et de vents d'été 
Même si ce sera plus l'été et qu'on 
Tremblera. 

Dis, on ira dormir nus
Sur le sable encore frais 
On se foutera du monde 
Et des coquillages drus
Tout flambants d'orgueil. 

Dis, on ira voir l'écume au loin ? 
Pour mieux dormir la nuit 
Et agrandir notre horizon
En une longue ligne de sable 
Et d'eau. 

Dis, on ira voir la mer ? 

Un pull pour se cacher du monde

J'ai dans ma peau qui brûle 
La peur du lendemain 
J'aurais besoin d'un pull
À enfiler sans mains 

Pour me cacher du monde 
Et des coureurs du temps 
Qui filent comme ils fondent 
Et ne laissent que - attends ! 

Aussi nu que la nuit, 
Je peux danser aussi,
Et dans les moments d'ennui, 
Tu es nue, toi aussi. 

Et
Tu comptes jusqu'à vingt ? 

Tu sais ?

Tu sais, quand je me lève le matin
Je suis trop endormi pour sourire béatement 
Mais quand je viens te réveiller, et que tu ouvres les yeux 
J'essaie de percevoir ce moment très tendre où tu me vois et où tu me 
Souris 

Tu sais, le soir, je monte les escaliers plus vite, 
Et chaque marche incurve un peu mes lèvres
Avec une grande douceur, 
Qui me fait frissonner,
Comme on 
S'émeut. 

Tu sais, j'ai souvent peur de moi, 
J'ai peur de te faire mal, de te blesser  de te 
Laisser
Mais quand je te vois rire, et que tu me 
Regarde 
C'est comme si dans le monde, il n'y avait plus que toi. 

Et tu sais, c'est toujours doux de t'aimer. 

La vie à deux

Quand t'es à deux
T'es dos à dos,
Dès le matin,
Dans tes deux mains,
C'est comme un don
Dont tu ne te lasses.

Et deux c'est d'eux
Dont tu déploies
Douceurs et dentelles.

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Thème: Esquire par Matthew Buchanan.
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